Dans le cadre du parcours des Têtes de l'Art, le Saint-Antoine hôtel & SPA expose les oeuvres de Camille Tan, un artiste rennais qui vit et travaille entre Rennes et Bruxelles. Avant de vous laisser découvrir ses oeuvres ce vendredi 10 novembre, nous avons décidé de l'interviewer pour en savoir plus sur son travail et ses inspirations.
Bonjour Camille, pourriez-vous vous présenter ?
Je suis né et j'ai grandi à Rennes, où j'ai pu débuter mon cursus artistique en 2009 à L'EESAB. En 2012, je pars étudier un semestre entier à la Rietveld Académie d'Amsterdam où j'explore radicalement la matière, l'objet, le volume; l'art de la sculpture et de l'installation.
En 2014, j'obtiens mon DNSEP -art- avec les félicitations. Par la suite, je débute une résidence de 7 mois (GENERATOR) avec le 40mcube à Rennes jusqu'à la fin de l'année 2015 qui aboutira à ma première grosse exposition collective au FRAC Bretagne.
Fin 2015, je suis invité par le musée des Beaux-Arts de Rennes pour une résidence d'un an en milieu scolaire qui débouchera sur ma première exposition personnelle au musée fin 2016.
J'obtiens durant cette année un atelier avec la ville de Rennes.
Enfin, début 2017, je suis invité par Mosquito Coast Factory à Campbon, dans les pays de Loire, afin de préparer une autre exposition personnelle qui s'est finie dernièrement, fin septembre. Aujourd'hui je vis et travaille entre Rennes et Bruxelles. Je travaille sur de nouveaux projets, notamment l'ouverture d'un lieu d'exposition et de résidence pour des artistes, courant 2018.
Que gardez-vous de vos années d'études aux Beaux-Arts à Rennes ?
Beaucoup! De nombreux souvenirs, de riches rencontres avec des professeurs, des amis. Aussi, du stress, de la sueur, et des nuits d'insomnies! Je pense avoir donné beaucoup de moi-même, et laissé une certaine partie. Ces années ont été pour moi plus que formidables. J'ai pu développer de nouvelles techniques, affiner mes champs de recherche et surtout, le plus important il me semble, se forger un champ lexical propre, une personnalité artistique et un processus de travail. La méthode d'enseignement nous permet de mieux nous exprimer sur nos créations et notre façon de 'faire', afin d'acquérir une certaine forme d'aisance et de spontanéité dans la transmission de notre travail. J'ai surtout gardé en souvenir une chose que j'ai réalisé par la suite: les Beaux-arts ne t'offrent pas un métier, mais une excellente formation artistique, un nouvel outil pour voir la vie.
Comment vous est venu votre attrait pour l'art ?
Un attrait avant tout pour l'objet et la fabrication. Dans mon enfance, j'ai beaucoup construit de cabanes ; (j'ai d'ailleurs travaillé sur des cabanes avec des classes d'enfants il y a deux ans, pour mon exposition au musée des Beaux-Arts de Rennes). Cette découverte de la nature, du bois, de la pierre a joué un point crucial dans la découverte de 'l'art'. Mon grand-père a aussi joué un rôle très important. Il était menuisier et j'ai passé des centaines d'heures à le regarder travailler et par la suite à 'bricoler'. Enfin, je suis persuadé que je n'aurai pas été ce que je suis sans mes voyages ; ma plus grande inspiration je pense. De mes pérégrinations actuelles, à l'auto-stop, aux vacances familiales de mon enfance à randonner en montagne, au simple fait d'avoir pu grandir dans un jardin.
Quelles sont vos influences ?
Je tire beaucoup du quotidien. Les choses simples et courantes sont pour moi les choses qui ont le plus de potentiel. Chaque création artistique est évidemment la fabrication de nouvelles formes et objets mais s'inspire très souvent de choses du quotidien déjà existantes. Je pars du fait que celui qui voit mes œuvres se sente proche de celles-ci car il y assimile une image familière détournée. C'est dans l'anomalie courante, dans l'objet trouvé, dans le hasard de mes déambulations, dans la pratique de l'art comme un jeu avec les matériaux, que je puise mes influences.
Avez-vous une préférence pour un matériau ?
Non, je n'ai pas de préférence pour un matériau ; disons plutôt que certains projets nécessitent parfois un matériau particulier. J'adore le bois et je l'utilise assez souvent ; c'est évidemment une base courante ; facile à travailler. Il est peu cher écologique et réutilisable sans pour autant être mon matériau préféré.
Quel est intérêt pour vous d'exposer dans un lieu tel que le Saint-Antoine ?
Je tiens d'abord à remercier Nell Hergue, qui a lancé très récemment son site ' L'artillerie' et qui m'a permis de participer au festival les Têtes de l'Art 2017, au Saint Antoine. C'est une expérience différente des autres expositions auxquelles j'ai pu participer car le cadre d'un hôtel change de celui d'un lieu dédié spécifiquement à l'art. Le mur végétal de l'hôtel m'a énormément plu ; j'y ai vu une opportunité de confronter mes installations sculpturales à un nouvel environnement le temps d'une soirée. Le hall de réception du Saint Antoine offre un cadre magnifique, à la fois minimaliste mais aussi chaleureux et lumineux. Cela fait plusieurs mois que j'ai basé mon atelier à Bruxelles, exposer de nouveau à Rennes est aussi un sentiment très agréable...